Chapitre 1
J’étais tout petit, serré entre une petite culotte et un bonnet d’un soutien-gorge de ma maîtresse Lynie. J’essayais de respirer depuis au moins huit heures, car la valise à fleurs rose et vert lime était archipleine et ne laissait passer que peu d’air. Et dans l’avion. Y faisait froid en Bongo! Malgré tout, j’ai survécu jusqu’ici. Florence. Dans le nord-ouest de la botte italienne. J’avais hâte d’arriver. Même si j’en connais au moins un qui aurait bien aimé rester coincé, durant de longues heures, entre deux sous-vêtements. Moi, je n’ai pas de sexe, alors ça ne m’excite pas du tout.
Jour 1 : Jardins et musée
J’arrive donc à Florence. Mou comme un toutou. Ouf! Enfin libre! À moi l’Italie et la bonne bouffe! Vingt jours de pur bonheur et d’aventures sont devant moi.
Durant le trajet en taxi qui nous amène de l’aéroport à l’hôtel Relais Piazza Signoria, j’essaie de garder mon calme. Pas facile. On part, on arrête, on tourne, on klaxonne. Ces Italiens savent faire à manger, mais pour ce qui est de conduire… Dans la valise, c’est noir comme dans une boîte de haricots. Dehors, c’est le matin. On est le 12 mai, il ne fait ni trop froid, ni trop chaud. On dit qu’en cette période de l’année, il n’y a pas trop de touristes et que pour visiter, c’est l’idéal.
Quand on me tire du bonnet, j’ai le nez aplati comme une tranche de salami. Un avantage d’être mou, on reprend vite notre forme initiale. Du lit où je suis, je peux voir les poutres anciennes soutenant le plafond, la porte épaisse aux quatre serrures (c’est à croire qu’un mafioso habitait ici!) et la vue sur la Piazza della Signoria. Ma-gni-fi-co! J’entends le brouhaha de la fenêtre entrouverte.
On est vraiment au centre même de tous les musées et attraits touristiques importants, dont le Palazzo Vecchio. Construit de 1299 à 1314, il était le siège du gouvernement de la république florentine de l’époque. Maintenant, il sert d’hôtel de ville.
Ce palais est voisin de la Galerie des Offices (Uffizi), musée célèbre pour les amants de peintures italiennes et d’art européen. Près du palais, on peut y voir une réplique de la statue du David de Michel-Ange. Un nu. (Je vous avais dit que la nudité ne m’émoustillait pas? Eh bien, ce n’était pas le cas de Lynie, qui observait son entrecuisse d’un œil plutôt coquin.)
— BonGo, débarque de mon sac à dos, on va manger.
J’aime bien Lynie. Et c’est réciproque. Elle n’est pas comme la plupart des gens, qui me laisseraient derrière eux, tandis qu’ils partiraient explorer une nouvelle ville. Non, elle, elle me traîne partout où elle va. Elle me sait aventureux.
On s’arrête au resto italien à la fois typique et moderne, le Eatery, sur recommandation du commis de l’hôtel. On n’aurait pas dû. Les pâtes sont bonnes, mais chères, et les assiettes, petites.
— Fallait bien dîner! dit Lynie.
Tout se fait à pied, à Firenze. Plusieurs roulent à vélo. Les rues de galets et de pierre sont propres et étroites, certaines ont des trottoirs. De chaque côté, des boutiques. J’aurais bien aimé faire les boutiques…
On arrive aux jardins de Boboli, parc le plus célèbre de Florence, adjacent au palais Pitti. Ère de la Renaissance et héritage de la famille Des Médicis. Des fontaines, statues, grottes, fleurs abondantes et arbres gigantesques parsèment les sentiers bien entretenus. Durant 400 ans, ces jardins étaient occupés par les grands-ducs de Toscane et les rois d’Italie.
Le Palazzo Pitti est bien, sans plus. Six musées sont à visiter; la fatigue commence à se faire sentir; on ne voit que le musée de l’argenterie. Les deux lions à l’entrée me donnent la frousse.
La grotte de Buontalenti aussi. Heureusement, on n’y entre pas, les portes viennent de fermer. Cette grotte me fait un peu peur.
— Lynie, peut-on retourner à l’hôtel?
Faut croire qu’elle m’a entendu, car elle et Pietro se dirigent vers la sortie, d’un pas lent. Eux aussi sont fatigués. Le décalage horaire épuise.
Petit roupillon. Dormir creuse l’appétit. On mange juste en dessous de notre chambre d’hôtel, au restaurant Il David ristorante Pizzeria. Il fait froid sur la terrasse, mais je suis heureux. Lynie et Pietro aussi. Notre voyage s’annonce réussi.
Jour 2 : Galleria dell’Accademia et son David
— Allez, hop! Réveillez-vous! On va visiter le musée de l’Académie de l’Art, annonce Pietro. On doit déjeuner.
Je les dirige donc vers un petit bistro sympa tenu par un Italien, bien sûr. Deux tables dans le resto. Ceux qui détestent le Nutella, s’abstenir! Moi, je me serais bien introduit dans leur croissant, si je l’avais pu! Pour plaisanter.
— Hum… che buon caffè! déclare Lynie.
Sur la rue d’à côté nous attend la Galleria dell’Accademia. Je pense que ma maîtresse est vraiment accro au David. Celui-là, c’est le vrai. Cinq mètres de haut et six tonnes de marbre musclé. Ça, Monsieur, ça déplace les foules! Goliath n’avait qu’à bien se tenir!
Michelangelo avait 26 ans lorsqu’il l’a taillé, après que deux sculpteurs eurent essayé, en vain. Le David est devenu l’emblème du musée, en 1873, jour où on a décidé de le protéger des intempéries de la piazza Signoria. Cinq jours pour le transporter.
Le musée vaut la peine; plusieurs salons affichent de nombreuses toiles et des œuvres d’art uniques à se mettre sous l’œil. Dans la salle Gipsoteca Bartolini, on y apprend comment on reproduit les statues en plâtre. Très intéressant.
Un peu de magasinage nous distrait ensuite des statues immobiles. Pietro achète des souliers de cuir et deux cravates d’un artisan du cuir. Le cuir italien, c’est le plus durable!
— Tiens, je vais apprendre l’italien! déclare Lynie. Ce petit livre de poche fera l’affaire.
Italien… italien… décidément, ils sont vendus!
À voir l’extraordinaire Duomo de Florence, la cathédrale Santa Maria del Fiore et le Campanile, je suis vendu aussi. Cette église est sans doute l’édifice le plus imposant de la ville, avec ses portes de bronze, ses marbres de plusieurs couleurs, ses mosaïques et ses statues qui composent l’extérieur. Pas le temps de visiter l’intérieur, une foule se masse aux portes. J’ai entendu dire que l’intérieur déçoit un peu, à cause de sa sobriété.
Pendant tout le souper, je me suis bouché les oreilles. C’est quoi cet accent? Lynie était partie dans la répétition du vocabulaire italien. Franchement, je n’ai rien contre, mais si elle espère apprendre la langue en seulement 10 leçons, elle rêve!
Pour finir la journée, on s’attarde aux vitrines de boutiques de luxe au sud du Duomo, en allant vers le Ponte Vecchio. Pour y acheter des bijoux de bonne qualité, ce pont est l’endroit idéal, mais sortez vos dollars.
Deux jours à Florence, on ne chôme pas. Il y a tant à voir dans cette ville où l’art est roi. Regardez cette dernière photo. Pouvez-vous deviner ce que l’artiste est en train de dessiner?
J’aime votre style d’écriture, continuez ainsi
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Merci beaucoup de suivre les histoires de BonGo. La suite s’en vient sous peu…
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