Je vous emmène à Hobart, la capitale de la Tasmanie, qui se trouve au sud de l’île. Les gens qui visitent l’Australie vont rarement jusqu’à l’île de Tasmanie, qui lui appartient. Je sais, c’est le bout du monde (pas autant qu’en Antarctique), mais les amoureux d’histoire, de paysages à perte de vue et d’animaux exotiques seront servis. Les habitants sont accueillants comme la plupart des îliens, le climat est tempéré, les hivers sont doux et les étés, frais.
La Tasmanie est séparée du continent par le détroit de Bass, entre l’océan Pacifique et l’océan Indien, qui comprend plus de 100 îles. Mais il y a 14 000 ans, il n’existait pas, car la Tasmanie était soudée au pays. Appelée Lutruwita en langue aborigène, l’île compte 540 000 habitants aujourd’hui et arrive au 26e rang des plus grandes îles au monde. Les arbres qui y poussent sont en majorité des eucalyptus. Voilà pour le bref historique de l’endroit.






On accoste au quai, et tout de suite on est pris en charge par une chauffeuse d’autobus qui agit aussi comme guide touristique. Fière de son coin de pays, elle nous en parle avec passion tout au long du trajet qui nous mène jusqu’au village de Taranna, où se trouve le refuge du diable (Devil’s sanctuary).



Le refuge UnZoo
Je ne vous mens pas, le diable vit ici. Il ressemble à un gros rat noir aux dents très pointues. Le diable de Tasmanie n’est présent à l’état sauvage que sur cette île. Autrefois, il y en avait aussi sur le continent, mais sa population a été décimée à cause de la venue du dingo, qui s’en faisait un régal. Quand l’île s’est séparée du continent, quelques diables ont survécu sans prédateurs immédiats, et par la suite, ils se sont multipliés. Dans les dernières années, leur nombre a diminué de 80 à 90 %, à cause d’une maladie, une tumeur cancéreuse frontale mortelle, transmise par morsure lorsqu’ils se battent. Aujourd’hui, la population de diables s’est stabilisée, leur danger d’extinction semble derrière eux.

Les premiers colons les ont appelés ainsi à cause de leur méchant caractère (ils s’attaquent souvent entre eux) et de leur grognement (pensez à Taz, le dessin animé de Looney Tunes des années 1990, inspiré de la bête). Au refuge UnZoo, dans la ville de Taranna, on nous explique leurs habitudes de vie dans la nature. Ils ont un odorat tellement développé qu’ils peuvent sentir une carcasse d’animal jusqu’à 30 kilomètres de distance. Ils tuent rarement leurs proies, ce sont donc des charognards. Par exemple, ils peuvent manger un wallaby qui se serait fait frapper par une voiture. Ils vivent en moyenne six ans. Les femelles, quand elles ont leurs chaleurs, s’accouplent avec plusieurs mâles. La gestation dure de 19 à 21 jours et de 30 à 60 bébés naissent; seuls quatre peuvent survivre – les plus forts – et ainsi se nourrir à l’une des quatre mamelles et se blottir dans la poche de la mère. Les autres, elle les dévore. Yark!
Les diables ont peur des humains en général, alors ils les fuient, mais ils peuvent mordre lorsqu’ils se sentent menacés ou poursuivis. Vaut mieux ne peut les toucher. Voyez comment celui ci-dessous gobe une patte de wallaby… je ne mettrais pas ma main là!



Au même refuge, on peut nourrir des kangourous et des wallabies en pleine liberté. Ces derniers sont plus petits et trapus que les kangourous, leur ventre est arrondi. Mais ils sont tout aussi mignons. Ils vivent surtout en Tasmanie et dans l’est de l’Australie, où le climat est plus clément.

Il existe 55 sortes de kangourous en Australie. Ils appartiennent à la famille des marsupiaux, ce qui veut dire qu’ils conservent leurs petits dans leur poche ventrale. On pourrait penser qu’ils sont aimés par tous les Australiens : erreur! La population les fait fuir pour la plupart, car ils mangent les récoltes des agriculteurs et jardiniers, se nourrissant de fruits, d’arbustes et d’herbe. Ils se tiennent surtout dans les prairies et les terres viticoles. Le nombre de kangourous en Australie est exorbitant : ils seraient aux alentours de 60 millions, c’est pourquoi le pays permet d’en abattre 1 million par an. On utilise leur viande en nourriture et leur peau pour en faire du cuir. Le kangourou roux est l’espèce la plus répandue. Avec le kangourou géant, ce sont les plus gros marsupiaux.








En forêt, on rencontre un tas d’oiseaux, on entend leur chant et c’est le bonheur! Je vous transporte maintenant dans un tout autre décor, où l’enchantement fait place à un tout autre esprit malain. Le site de Port Arthur.



Port Arthur
À première vue, le site historique de Port Arthur est un plaisir pour les yeux. Situé à plus d’une heure de Hobart, il vaut le détour. Le site est magnifique aujourd’hui, mais était loin de l’être en 1833. Il avait été bâti par des prisonniers, et on y amenait tous ceux qui avaient commis des crimes graves, pour les punir. Les gens y étaient torturés, fouettés, enfermés dans des cages, sans jamais voir personne ni la lumière du jour. Les autorités y ont expérimenté la torture à l’extrême, assez pour dire qu’un homme qui est isolé de la sorte ne vit pas plus de 12 mois.

Les prisonniers, les militaires et leurs familles étaient enterrés sur l’île de la Mort, au centre du lac (voir photo ci-haut). Nous avons contourné ce lac en bateau; l’atmosphère était morose, car les gens n’ont pas connu une mort rose. À cette époque, la violence était partout – le lac en a été témoin. Loin de tout, au centre de la forêt australienne remplie de prédateurs, Port Arthur n’offrait aucune chance aux fugitifs. La seule liberté possible : la mort, sur l’île.



Le site a été démantelé en 1877 et la plupart des installations n’ont pas survécu à la destruction et aux incendies de forêt au fil des ans. En 1996, un homme fou a tué 35 personnes et blessé 19 autres à Port Arthur. Cet événement s’est ajouté à l’histoire macabre de l’endroit.



















Petite anecdote plus gaie sur Port Arthur : au dîner, on nous avait préparé un bon barbecue. Nous nous sommes attablés dans un des bâtiments ancestraux, là où ils envoyaient les lunatiques autrefois. La salade venait avec un petit sachet de vinaigrette, typiquement australien, à deux compartiments. J’aurais bien aimé que ce sachet vienne avec un mode d’emploi. Voilà donc qu’en le pressant pour essayer de l’ouvrir, son jus a giclé jusque sur mon voisin d’en face! Comble de malheur, en m’excusant, je n’ai pu me retenir de rire! Pardonnez-moi, Monsieur, ça m’arrive d’être lunatique, parfois. Ce ne serait sûrement pas arrivé si l’histoire des lieux n’avait pas augmenté ma tension nerveuse.







Hobart, la ville
Nous revenons en ville, à Hobart, bordant la Derwent River. Avant le départ du navire, nous avons deux heures pour explorer les environs à pied. Ville portuaire la plus au Sud du continent et du monde à part Ushuaïa en Argentine, elle est le point de départ de la plupart des expéditions australiennes et européennes vers l’Antarctique. La ville et les immeubles sont superbement bien entretenus, les toits sont colorés. Hobart est construit sur un terrain vallonné, composé de galeries d’art, de cafés, de musées, mais aussi de maisons d’époque de style géorgien. À l’horizon, on aperçoit le mont Wellington, situé à 1 270 mètres d’altitude.














Retour au navire. Deux jours en mer nous attendent. Direction : Nouvelle-Zélande.

Thoroughly enjoying your blog, Lyne. What a great time and good weather there!
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