Connaissez-vous la série fantastique « Game of Thrones » (Le Trône de fer)? J’en avais brièvement entendu parler, mais dès notre arrivée à Belfast, en Irlande du Nord, on ne peut la contourner. Tout a été mis en œuvre pour nous rappeler que plusieurs scènes y ont été tournées, du moins dans les environs. TOUS les passagers de l’autobus Paddywagon connaissaient cette série (il faut croire qu’ils venaient dans la capitale pour revivre l’ère médiévale). Alors oui, ABSOLUMENT, je me suis mise à écouter ces émissions dès mon retour de voyage… et j’en suis devenue accro, comme tout le monde.

Dark Hedges
Notre premier arrêt, fallait-il s’en douter, a été « Dark Hedges ». Vous savez, ces rangées d’arbres aux longs doigts (beech trees) qui séparent une allée de gravier dans la série bien connue! De petit bled perdu dans la campagne irlandaise, ce lieu est devenu l’un des endroits les plus réputés de la région. Ce que la télé peut faire! Même si l’endroit est joli, je n’irais pas jusqu’à conseiller aux voyageurs de faire un détour de 20 minutes pour s’y rendre. Il y a des lieux aussi beaux, sinon plus, sur les routes menant au comté d’Antrim, vers le Giant Causeway.
La belle
On appelle le Giant Causeway la « Chaussée des Géants ». Pourquoi? À cause de ses longues colonnes volcaniques (40 000) érodées par l’action des vagues qui forment un ensemble de galets géants se dirigeant vers la mer. L’endroit est fabuleux. Il est listé au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est mon coup de cœur en Irlande. Une longue piste de randonnée longe le bord des falaises et, tout en haut, le ciel nous attend. Quelle vue!

C’est ma belle… vue!

Me voici dans une pause détente au sommet de la Chaussée des Géants.
Le faste
Un peu d’histoire. Belfast est la capitale de l’Irlande du Nord. Le Nord et le Sud ne s’entendent pas du tout, même si aujourd’hui la guerre est finie. Les relations entre républicains/nationalistes (surtout catholiques) et loyalistes/unionistes (la plupart protestants) sont toutefois fragiles et en se promenant dans les rues de Belfast, on y voit des rues qui débouchent sur un haut mur, censé séparer les familles croyantes de chaque côté.

Mur coupant la rue en deux, protestants d’un côté, et catholiques de l’autre
Vers 1969, la IRA (Armée républicaine irlandaise) déclara la guerre dans le but de mettre fin à l’autorité britannique de l’Irlande du Nord pour faire une Irlande unifiée avec le Sud. Le conflit armé a duré environ 30 ans. Les Britanniques, considérant un peu la RIA comme une organisation terroriste, ont néanmoins accepté, en 1998, que l’Irlande du Nord puisse négocier directement avec l’Irlande du Sud sans leur intervention. La paix est revenue, mais nombre de familles ressentent encore les effets de ces confrontations.

Certaines rues sentent l’abandon. C’est loin d’être le « faste » de la ville.
Durant le conflit armé, un hôtel où se tenaient la plupart des invités étrangers (journalistes, politiciens), l’hôtel Europa, a même été bombardé 30 fois, dont 3 fois durant la même semaine. En 1993, l’Opéra, à côté de l’hôtel Europa, a aussi été bombardé partiellement.

L’hôtel Europa a subi de violentes attaques durant le conflit en Irlande du Nord.
Après la rénovation de l’Opéra, le propriétaire d’un bar, le Crown Liquor Saloon, situé en face de l’hôtel Europa, a embauché le même architecte qui avait mené les travaux à l’Opéra. Entrer dans ce bar, c’est comme se sentir happé par un vent de faste.
Quand on visite Belfast, on ne peut passer à côté du City Hall (leur hôtel de ville). Un guide vous promène à travers des corridors et salles du conseil. La visite est gratuite, bien qu’ils acceptent les dons volontaires, et dure environ une heure.

Au centre du City Hall

Au bout de la rue, l’hôtel de ville de Belfast

Les maires ont été nombreux ces dernières années. Le maire actuel ne m’en voudra pas que je prenne sa place quelques secondes.
Un autre endroit à visiter est le Titanic Belfast. Immeuble à l’architecture pour le moins étonnante, ce musée a été érigé sur le site de l’ancien chantier Harland & Wolff où le Titanic a été construit.
Petite anecdote : notre guide et chauffeur d’autobus du Paddywagon nous a bien avisés que son autobus ne pouvait aller partout en Irlande du Nord, spécialement là où vivent les protestataires nord-irlandais, parce que son autobus est tout de vert vêtu (couleur fétiche de l’Irlande du Sud); ce peut être vu comme un affront envers l’Irlande du Nord. On aurait pu recevoir quelques pierres en plein visage. Ouf!
Avant de retourner à bord de notre navire de croisière, nous nous sommes arrêtés pour une prise photo express. Je vous laisse sur cette image magnifique du château viking de Dunluce, qui est à l’abandon depuis 1639 lorsqu’une partie du château s’est effondrée dans la mer, comme un château de cartes, emportant avec lui de nombreux serviteurs.

Le déploiement de splendeur, c’est ça, le « faste ».
Ainsi se termine mon voyage sur l’île d’Irlande, pays de mes ancêtres. Je vous invite à lire mes deux textes précédents sur l’Irlande : Dublin et Cobh et Kinsale.